Les extraits suivants sont tirés de l'œuvre "De l'influence de l'artisanat sembien dans la Mer des Etoiles", publiée en 1372 aux éditions Bartholomé Florestan de Saerloune.
Préface
Puisque j'en viens aujourd'hui à parler d'une région qui m'est chère, celle qui m'a vu naître, il est peut-être temps que toi, lecteur, fasse un peu connaissance avec ton serviteur. Car si toutes ces années, discret je suis resté, c'est pour ne pas nuire à mes écrits. Comme dans le présent contexte, il serait difficile de détacher l'auteur de son œuvre, c'est dans un souci d'honnêteté intellectuelle que mon histoire vais-je brièvement conter.
Comme tu le sais peut-être, je suis né à Saerloune, la plus belle ville, s'il en est une, de tout Faerûn. Et si j'ai du bien souvent la quitter, ce n'est qu'avec plus de bonheur que je l'ai toujours retrouvée, ainsi que c'est le cas aujourd'hui, alors que j'écris ces quelques lignes. Je ne m'attarderai pas à décrire les magnificences de la cité, n'étant sur ce point guère objectif, du moins je le suppose.
C'est donc ici que j'ai grandi, favorisé puisque fils d'un des plus riches commerçants maritimes de la ville. Etant bien loin dans l'ordre de succession et guère attiré par les fastes de la navigation, j'ai pu choisir à mon aise le chemin qui serait le mien. C'est ainsi que passé treize ans, je suis rentré en apprentissage chez un artisan de la ville, un luthier du nom d'Ulrich Mainclaire. Je crois bien ne jamais avoir manifesté de génie particulier dans cette exquise discipline, que pourtant je révérais. Tout au plus me débrouillais-je mieux dans la pratique de l'instrument que sa fabrication, ce qui est néanmoins une raison suffisante pour que je persévère. Mon infortune, ou plutôt ma chance, c'est selon, fut de m'en rendre compte assez rapidement.
Les années passèrent toutefois et je terminais mon apprentissage l'année de mes dix-sept ans sans véritable autre perspective que celle d'ouvrir une modeste échoppe, tout en sachant pertinemment que jamais je n'excellerais dans mon art. Tymora finit néanmoins par me sourire lors de mon Tour de Compagnon. En effet, une fois mon apprentissage achevé, je devais voyager à travers les Contrées du Mitan et ainsi rencontrer les maîtres de mon art pour me perfectionner. C'est sans grand enthousiasme, je dois l'avouer, que j'avais entamé mon périple.
Car si le voyage était sans aucun doute plaisant, ma conviction de n'être qu'un piètre exécutant de l'art que j'aimais tant n'allait que renforçant. Je progressais certes dans la pratique de mon instrument mais jamais n'imaginais en tirer un quelconque bénéfice. Je commençai alors la rédaction d'un simple journal où je notai mes impressions sur les artisans rencontrés et leurs œuvres. A mon retour à Saerloune, j'abandonnai tout désir d'ouvrir mon propre atelier et me suis morfondu jusqu'à ce que mon maître vienne me retrouver pour me commander un ouvrage du même type que le journal de mon voyage. Il s'était servi des notes de ce dernier pour de nouvelles réalisations et le succès remporté le poussa à avoir recours une nouvelle fois à mes services, quoique sciemment cette fois. C'est ainsi que je partis dans un second grand voyage, qui me mena cette fois jusqu'aux contrées lointaines des anciens empires d'Unther et de Mulhorande.
Me voici presque quinze ans plus tard. Quinze années d'errance et d'écriture. Quinze années au cours desquelles j'ai perfectionné le seul art dans lequel je manifestais un semblant de talent. Quinze années au bout desquelles je m'intéresse enfin à celui qui a fait naître ma vocation : l'artisanat sembien.
De l'influence de l'artisanat sembien dans la Mer des Etoiles
Introduction
Située au carrefour des puissances de Faerûn, la Sembie s'est naturellement nourrie au fil des siècles de l'influence de ses prestigieux voisins. Le rôle de Saerloune, mais également des autres ports du royaume, ne doit pas être sous-estimé tant ces métropoles sont devenues de formidables lieux de réunion et d'échange entre les marchands, provenant des quatre coins du continent. C'est ainsi qu'a pu se construire un "artisanat sembien", teinté à la fois d'exotisme et de classicisme. La rencontre de ces deux extrêmes a contribué à l'édification d'une culture, alliant la finesse de Mulhorande, la rigueur de la Mer de Lune, la splendeur des cours elfiques ou encore la fantaisie du "grand sud".[...]
Le reste du texte n'est, cher lecteur, bien évidemment pas présent. J'invite les amateurs éclairés à se rendre dans une des boutiques des éditions BF, situées à Saerloune, Eauprofonde, Scornubel et Corbentre pour faire l'acquisition de mon dernier ouvrage.
Quelques clés sur l'auteur
Bartholomé est aujourd'hui un homme d'une trentaine d'années, au port altier et à la chevelure grisonnante. Généralement vêtu à la façon d'un matelot, il ne porte d'autres armes qu'une simple dague et un fleuret d'apparat à la ceinture.
Ses seules possessions connues sont une caravane qu'il a participé à construire, un cheval dont la robe est de la même couleur que sa chevelure (et ce n'est pas un hasard, il a passé plusieurs mois à en chercher une), ainsi que ce qu'il porte :
- une forme de rapière particulière nommé Fleuret, l'œuvre d'un artisan expatrié venant de Kara-Tur.
- une tenue de marin faussement négligée qui est en fait l'œuvre d'un tailleur réputé d'Eauprofonde.
Bartholomé ne possède pas de domicile fixe et profite de l'hospitalité de ses nombreux admirateurs lorsqu'il ne loge pas simplement dans sa caravane.
Adulé par certains, décrié par d'autres, Bartholomé est à n'en pas douter un écrivain unique. Visant au début un public d'expert, ses ouvrages sont désormais aussi bien lus par les plus fameux artisans du Mitan que de nobles érudits. Adepte d'Oghma depuis ses plus jeunes années, il lui dédie depuis toujours chacun de ses ouvrages.
Bartholomé Florestan est né le vingt et unième jour d'Eleinte de l'année 1339 à Saerloune. Fils de Marcil Florestan, un des plus riches armateurs de navire de la ville et de Nathla Florestan, de son nom de jeune dame De Larmari, haute dame de la bourgeoisie locale selon le registre communale. Malheureusement, Nathla Florestan ne se remit pas de la naissance de Bartholomé, son quatrième fils, et elle mourut cinq mois après sa naissance.
Ainsi, Bartholomé, jeune garçon de riche famille connut un sort quelque peu différent de ses frères que leur mère avait pu élever pendant leurs premières années. Privé de l'amour maternel, Bartholomé put néanmoins bénéficier de celui de son père, Marcil, qui dès son plus jeune âge, prit soin d'emmener son fils avec lui pour ses affaires aussi souvent qu'il le pouvait.
Malgré tout, son père n'avait en fin de compte que peu de temps à lui accorder au quotidien et c'est assez naturellement que Bartholomé grandit seul, et gagna en indépendance avec les ans. Il apprit rapidement à connaître et comprendre le monde qui l'entourait si bien que dès sa septième année, il pouvait déambuler seul dans les rues de la ville. En vérité, c'étaient les quais qui l'intéressaient le plus, non pas parce qu'ils étaient le lieu de travail de son père mais parce que c'était celui des artisans qui travaillaient à la construction des navires. Emerveillé par la construction des caravelles marchandes de la Mer des Etoiles, le petit Barth, comme on l'appelait, suivait avec délectation, étape par étape, la décoration du navire, de la proue en passant par le bastingage et pour finir par la poupe. Les artisans des quais s'habituèrent à sa présence et il devint rapidement familier avec eux.
Lorsqu'il fut en âge de travailler, c'est-à-dire vers treize ans, Bartholomé manifesta le désir de devenir apprenti chez un des armateurs naval de Saerloune. L'idée de voir son fils frayer avec la roture révulsait Marcil et il refusa, pour une fois, d'accéder au désir de son fils. Dès lors, une formidable lutte de volonté s'engagea entre Bartholomé et Marcil jusqu'au moment où ils tombèrent d'accord sur une sorte de compromis. Bartholomé put certes rentrer en apprentissage, mais chez un artisan huppé de la ville, un luthier du nom d'Ulrich Mainclaire. Marcil pria les dieux que cette tocade passe rapidement mais ce ne fut point le cas. Quatre années d'apprentissage. Quatre années de labeur pour le jeune homme qui prit pour ainsi dire plaisir à subir le sort habituel des jeunes apprentis : le travail manuel, la fatigue, l'absence de temps libre, les brimades continuelles. Malgré tout ce qu'il pouvait affectionner pour l'art du bois, le jeune homme n'en était pas pour autant doué.
La suite est connue. Bartholomé partit pour ce qui allait être le premier d'une longue série de voyages. Et aujourd'hui, après des années d'errance et d'écriture, il est de retour dans la patrie qui l'a vu naître pour écrire ce qui selon lui, sera son chef d'oeuvre
Bibliographie sélective
- Voyages I (1359).
- Voyages II (1362).
- De l'art de l'artisanat (1363).
- Voyages IV (1365).
- Manuel d'histoire de l'artisanat (1368).
- Voyages VI (1368).
- Les plus fameuses compagnies d'artisans de Faerun (1369).
- Bois, Métaux, Pierres : la sublimation de la matière (1370).
- Voyages IX (1371).
- De l'influence de l'artisanat sembien dans la Mer des Etoiles (1372).
Dédicace
Au Seigneur de la Connaissance ces pages sont dédiées, qu'il guide ma plume comme il a tissé mon destin, afin que jamais elle ne se sépare de mon bien-aimé parchemin.
Bartholomé Florestan